Bullhead, dans ta face !
Oh que voilà un bon film bien prenant ! Là où les américains auraient introduit cette histoire à L.A. dans le milieu du cinéma ou de la prostitution, Michael R.Roskam a choisi la région flamande (normal, il est originaire de Saint-Trond) pour y développer une intrigue sur la mafia... des hormones de croissance pour le bétail !
Jacky, un trentenaire massif, fils d'agriculteur, vit avec une blessure profonde qui le rend différent depuis l'age de 13 ans. C'est sans doute cette plaie béante qui lui a donné la force et la hargne pour intégrer et se faire une belle place dans la mafia flandrienne des hormones.
Alors qu'il est en train de dealer un énorme marché avec l'un des ténors de la pègre, un enquêteur est assassiné, ce qui à pour don de mettre la police sur les nerfs. Cette dernière, flanquée d'un informateur étroitement lié à l'entourage de Jacky, ressert inexorablement son étau sur le petit monde de notre (anti)héros.
Michael R.Roskam (dont la réalisation est impeccable) signe là un film dur sur la famille, le milieu de l'agriculture et la vie rurale. L'intrigue policière (dont on se doute assez rapidement de l'issue inéluctable) s'efface peu à peu au profit de l'étude psychologique de Jacky (Matthias Schoenaerts est excellent!). Plusieurs flash-backs vers son adolescence nous font comprendre le pourquoi de ses comportements et le réalisateur nous oblige à rester partagé tout le long du film entre aversion et compassion, tendresse et répulsion envers ce personnage ambigu.
A noté que Bullhead (titre original : Rundskop) est nominé pour le prix du "Meilleur film en langue étrangère" ce soir aux Oscars... Good Luck !